Festival d’Hyères 34ème édition: la mode de demain.
La 34ème édition du festival d’Hyères s’est déroulée du 25 au 29 avril 2019 et a démontré une fois de plus que sa présence et d’une absolue nécessité pour la scène mode internationale.
Agathe Vitalis Renard
May 27, 2019
May 7, 2020
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Un peu d’histoire
Au commencement il y a Jean Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles et créateur charismatique du festival d’Hyères qui fête cette année ses 34 ans. Et puis ce lieu justement, la villa Noailles, écrin moderne surplombant la cité provençale d’Hyères.
La villa fût la résidence des mécènes Marie Laure et Charles de Noailles qui la commandent à Robert Mallet Stevens dans les années 20. Les de Noailles étaient amateurs de cinéma expérimental et collectionneurs de la première heure de Mondrian, Dali ou Brancusi. Dans des lettres adressées à l’architecte, Charles de Noailles disait qu’il « ne pourrait jamais supporter quoi que ce soit dans cette maison ayant un but seulement architectural » et qu’il « cherche une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l’utilité. »
En 1970, la ville d’Hyères rachète la maison, entame des restaurations et l’ouvre au public. Ce n’est pas un hasard si depuis 1996, le festival est abrité à la villa Noailles. L’esprit de protection et de soutien de la jeune création avant-garde résonne fortement en ces lieux. La villa Noailles s’est vue décernée le label « Centre d’art d’intérêt national » et propose une programmation pointue et originale de mode et de photographie bien entendu, mais aussi d’architecture et de design.
La singularité du festival d’Hyères
Si le rayonnement du festival s’étend bien au-delà des frontières varoises et même nationales, c’est qu’il y souffle chaque année un vent de fraicheur sur la scène mode. Jean Pierre Blanc n’a en effet jamais perdu de vue son but premier qui était de décloisonner la mode. Cela donne un rendez-vous de quatre jours où professionnels, public et passionnés se rencontrent. C’est un moment hors du temps, ou chacun prend le temps d’apprécier et d’être ému par la jeune création.
C’est l’occasion de découvrir dix créateurs et créatrices sélectionnés par un jury composé de professionnels comme Martin Margiela ou Dries Van Noten. Enfin, c’est une opportunité incroyable pour ces jeunes designers pour qui s’ouvrent souvent les portes de grandes maisons. Ce fut le cas pour les vainqueurs de l’édition 2018, le duo Rushemy Botter, qui sont désormais directeurs artistiques de Nina Ricci. On pense aussi aux anciens lauréats comme Anthony Vaccarello, le duo Viktor & Rolf ou plus récemment Marine Serre.
Jean Pierre Blanc à la Villa Noailles
Une 34ième édition engagée
C’est une édition qui s’est ouverte par un hommage à Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison Chanel disparu en février dernier. Chanel, partenaire depuis la 30ème édition, qui a d’ailleurs crée cette année un prix spécial, celui des métiers d’art.
Les années passant, on observe une nouvelle génération de designers dont les créations reflètent leurs visions du futur de l’industrie. Cette année plus que jamais, les vêtements se voulaient politiques et engagés.
L’écologie par exemple, était au centre de la collection du grand gagnant Christoph Rumpf. Ses pièces poétiques en matières recyclées ont séduit l’ensemble du Jury. La candidate Suisse Tina Schwizgebel-Wang a quant à elle utilisé des peaux et du plastique de seconde main. Enfin, Róisín Pierce rendait hommage aux femmes oppressées par l’église du 18 au 20ième siècle au sein des Blanchisserie Magdalene. Encore une fois, la mode prouve qu’écologie, engagement et créativité font bon ménage.
Le Palmarès
Prix du jury : Christophe Rumpf – Autriche
La collection de Christophe Rumpf narre le récit d’un jeune homme perdu dans la jungle qui, lorsqu’il revient à la civilisation, apprend qu’il est un prince. Cela donne naissance à une collection de vêtements poétiques relevant presque de la sculpture.
Rumpf dit être conscient « des dégâts causés au monde par l’industrie de la mode et de la fast fashion. » Il a donc choisi d’utiliser 90% de matériaux chinés et recyclés comme des tapis persans ou d’anciens costumes de danseuse du ventre.
Prix des métiers d’art et prix du public : Róisín Pierce – Irlande
Róisín Pierce est diplômée du Collège universitaire national d’art et de design d’Irlande et spécialisée dans les textiles et les silhouettes contemporaines. Elle a développé sa collection Mná i bhláth (Women in Bloom) qui rend hommage aux femmes envoyées de force dans des foyers catholiques irlandais comme les tristement célèbres blanchisseries Magdalene.
La dentelle irlandaise, les smocks et les broderies rappellent les vêtements religieux que les femmes étaient obligées de fabriquer gratuitement pour « absoudre leurs péchés ». Dans une collection précédente intitulée Man Repellent, Pierce avait exploré le thème du regard masculin et de son impact sur le corps des femmes, offrant un moyen de s’en échapper à travers le vêtement.
Prix Chloé: Tina Schwizgebel Wang – Suisse
Après un master design mode et accessoires à la haute école d’art et de design de Genève puis un voyage en Chine, Tina Schwizgeber présente sa collection Inked inspirée du tatouage dont elle se passionne lors d’un séjour à Berlin. Les silhouettes dépeignent les différentes phases du processus, en utilisant tantôt des peaux chinées, tantôt des emballages recyclés. Les motifs sont brodés, sérigraphiés ou gravés et les coupes d’inspiration asiatique.
Crédits photos : Indie Magazine, Villa Noailles, TagWalk, James Bantone pour Numéro et Julien Oppenheim pour Grazia.
Un peu d’histoire
Au commencement il y a Jean Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles et créateur charismatique du festival d’Hyères qui fête cette année ses 34 ans. Et puis ce lieu justement, la villa Noailles, écrin moderne surplombant la cité provençale d’Hyères.
La villa fût la résidence des mécènes Marie Laure et Charles de Noailles qui la commandent à Robert Mallet Stevens dans les années 20. Les de Noailles étaient amateurs de cinéma expérimental et collectionneurs de la première heure de Mondrian, Dali ou Brancusi. Dans des lettres adressées à l’architecte, Charles de Noailles disait qu’il « ne pourrait jamais supporter quoi que ce soit dans cette maison ayant un but seulement architectural » et qu’il « cherche une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l’utilité. »
En 1970, la ville d’Hyères rachète la maison, entame des restaurations et l’ouvre au public. Ce n’est pas un hasard si depuis 1996, le festival est abrité à la villa Noailles. L’esprit de protection et de soutien de la jeune création avant-garde résonne fortement en ces lieux. La villa Noailles s’est vue décernée le label « Centre d’art d’intérêt national » et propose une programmation pointue et originale de mode et de photographie bien entendu, mais aussi d’architecture et de design.
La singularité du festival d’Hyères
Si le rayonnement du festival s’étend bien au-delà des frontières varoises et même nationales, c’est qu’il y souffle chaque année un vent de fraicheur sur la scène mode. Jean Pierre Blanc n’a en effet jamais perdu de vue son but premier qui était de décloisonner la mode. Cela donne un rendez-vous de quatre jours où professionnels, public et passionnés se rencontrent. C’est un moment hors du temps, ou chacun prend le temps d’apprécier et d’être ému par la jeune création.
C’est l’occasion de découvrir dix créateurs et créatrices sélectionnés par un jury composé de professionnels comme Martin Margiela ou Dries Van Noten. Enfin, c’est une opportunité incroyable pour ces jeunes designers pour qui s’ouvrent souvent les portes de grandes maisons. Ce fut le cas pour les vainqueurs de l’édition 2018, le duo Rushemy Botter, qui sont désormais directeurs artistiques de Nina Ricci. On pense aussi aux anciens lauréats comme Anthony Vaccarello, le duo Viktor & Rolf ou plus récemment Marine Serre.
Jean Pierre Blanc à la Villa Noailles
Une 34ième édition engagée
C’est une édition qui s’est ouverte par un hommage à Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison Chanel disparu en février dernier. Chanel, partenaire depuis la 30ème édition, qui a d’ailleurs crée cette année un prix spécial, celui des métiers d’art.
Les années passant, on observe une nouvelle génération de designers dont les créations reflètent leurs visions du futur de l’industrie. Cette année plus que jamais, les vêtements se voulaient politiques et engagés.
L’écologie par exemple, était au centre de la collection du grand gagnant Christoph Rumpf. Ses pièces poétiques en matières recyclées ont séduit l’ensemble du Jury. La candidate Suisse Tina Schwizgebel-Wang a quant à elle utilisé des peaux et du plastique de seconde main. Enfin, Róisín Pierce rendait hommage aux femmes oppressées par l’église du 18 au 20ième siècle au sein des Blanchisserie Magdalene. Encore une fois, la mode prouve qu’écologie, engagement et créativité font bon ménage.
Le Palmarès
Prix du jury : Christophe Rumpf – Autriche
La collection de Christophe Rumpf narre le récit d’un jeune homme perdu dans la jungle qui, lorsqu’il revient à la civilisation, apprend qu’il est un prince. Cela donne naissance à une collection de vêtements poétiques relevant presque de la sculpture.
Rumpf dit être conscient « des dégâts causés au monde par l’industrie de la mode et de la fast fashion. » Il a donc choisi d’utiliser 90% de matériaux chinés et recyclés comme des tapis persans ou d’anciens costumes de danseuse du ventre.
Prix des métiers d’art et prix du public : Róisín Pierce – Irlande
Róisín Pierce est diplômée du Collège universitaire national d’art et de design d’Irlande et spécialisée dans les textiles et les silhouettes contemporaines. Elle a développé sa collection Mná i bhláth (Women in Bloom) qui rend hommage aux femmes envoyées de force dans des foyers catholiques irlandais comme les tristement célèbres blanchisseries Magdalene.
La dentelle irlandaise, les smocks et les broderies rappellent les vêtements religieux que les femmes étaient obligées de fabriquer gratuitement pour « absoudre leurs péchés ». Dans une collection précédente intitulée Man Repellent, Pierce avait exploré le thème du regard masculin et de son impact sur le corps des femmes, offrant un moyen de s’en échapper à travers le vêtement.
Prix Chloé: Tina Schwizgebel Wang – Suisse
Après un master design mode et accessoires à la haute école d’art et de design de Genève puis un voyage en Chine, Tina Schwizgeber présente sa collection Inked inspirée du tatouage dont elle se passionne lors d’un séjour à Berlin. Les silhouettes dépeignent les différentes phases du processus, en utilisant tantôt des peaux chinées, tantôt des emballages recyclés. Les motifs sont brodés, sérigraphiés ou gravés et les coupes d’inspiration asiatique.
Crédits photos : Indie Magazine, Villa Noailles, TagWalk, James Bantone pour Numéro et Julien Oppenheim pour Grazia.
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